Le Musée offre la possibilité de découvrir un atelier complet de reliure manuelle. La reliure consiste à lier, à rassembler « la » ou « les » feuilles d'un livre, pliées ou non en cahier, de manière à en prévenir la dégradation, à en permettre l'usage durable et souvent à lui donner une esthétique avenante. Très vite, cette pratique artisanale s'est érigée en art.
La reliure est la partie du livre qui a pour fonction spécifique de protéger celui-ci pendant la manipulation et pendant l'emmagasinage.
On pourrait considérer comme l'ancêtre le plus lointain de la reliure le simple étui de toile qui enveloppait et protégeait les rouleaux de papyrus à la manière d'un sac. Mais on ne saurait, malgré l'analogie de fonction, parler de reliure avant que les Romains n'aient adopté pour leurs livres le format rectangulaire.
Ce type de presse se retrouve souvent chez les notaires, elle servait à égaliser le bord des feuilles des actes assemblés et agrafés.
Cet outil permet de former
en "rond" le dos des livres.
Pour choisir la taille du "Mandrin",
on tient compte de l'épaisseur
de l'ouvrage.
Cette presse permet de tenir individuellement les volumes pendant le travail.
RELIURES > Définitions et Composition :
Les premières reliures consistaient simplement en une couture qui tenait ensemble les feuilles ou les cahiers du livre, ceux-ci étant fixés à des plats de bois ou à une feuille de parchemin au moyen de cordelettes appelées nerfs.
A l'origine, les couvertures étaient unies, mais on ne tarda pas à les orner, les ornements prenant une importance sans cesse croissante et se pliant aux modes et aux courants artistiques de chaque époque.
C'est ainsi que la reliure, née d'exigences fonctionnelles, a pris une valeur artistique et documentaire.
La restauration d'une reliure est donc tributaire de l'aspect artistique, même si l'aspect utilitaire ne doit pas être oublié.
Les éléments constitutifs de la reliure sont, à quelques variations près, généralement les mêmes et se disposent toujours plus ou moins de la même manière, cette disposition étant appelée "architecture du livre". Les parties les plus importantes de la reliure sont les suivantes :
- Plats: plaquettes de bois, de carton... qui couvrent le corps du livre.
- Couverture: matériau qui recouvre les plats. Il s'agit en général de cuir, de toile...
- Dos: côté du livre auquel sont fixées les pages.
- Couture: système d'assemblage des pages entre elles.
- Tranches: plans formés par les bords des feuilles.
- Chasse: rebord de la couverture en saillie par rapport au corps du livre.
- Mors: sillons pratiques sur les côtés du dos et sur lesquels viennent s'adapter les plats.
- Encoche de coiffe: fente triangulaire pratiquée dans les plats et qui sert à ajuster le cuir au mors.
- Nerfs: cordelettes sur lesquelles s'effectue la couture et au moyen desquelles le corps du livre est réuni aux plats.
- Gardes: feuilles de papier ou de toile qui sont placées au début et à la fin du corps du livre et qui couvrent l'intérieur des plats.
- Tranchefile: galon que l'on place aux extrémités du dos pour protéger le bord des cahiers.
A côté de ces éléments essentiels, il en existe beaucoup d'autres qui servent à renforcer davantage encore la reliure ou ont des fins purement esthétiques (fermoirs, coins, cabochons, pièces de titre, etc.).
Il existe plusieurs types de reliure :
La reliure traditionnelle cousue dite « à la française ».
La reliure emboîtée dite « reliure à la Bradel ».
Les reliures contemporaines
On distingue la reliure plein cuir, qui se dit d'un livre entièrement recouvert de cuir ; le demi-cuir, qui n'a que le dos couvert en peau et la reliure en toile généralement accompagnée d'une pièce de titre (morceau de cuir placé sur le dos du livre. Il y est apposé le nom de l'auteur et le titre du livre).
Les qualités des cuirs utilisés et leurs utilisations peuvent varier. Il existe des reliures, du meilleur au plus banal, en veau, en maroquin, en daim ou agneau velours (peaux très souples et chamoisées), en chagrin, en basane, etc.
Le travail traditionnel du relieur
Après avoir mis en cahiers les feuilles imprimées (pliure), les avoir battues sur un bloc de marbre ou de pierre avec un lourd marteau à tête convexe (batture), et les avoir tenues en presse un certain temps, on procède à l’ébarbage éventuel puis, pour les relier, au grecquage, qui consiste en plusieurs incisions faites au dos du volume avec une scie à main nommée scie à grecquer : ces incisions servent à guider la brocheuse dans l'opération de couture. On met alors les cahiers sur le cousoir, et on passe des fils autour de plusieurs ficelles qui entrent dans les incisions faites au dos, et dont les bouts sont ensuite rattachés a la couverture. Cela fait, on trempe à plusieurs reprises le dos des feuillets dans de la colle, pour qu'ils ne puissent plus bouger. On procède ensuite à l’endossure, au rognage, puis à la dorure ou au coloriage de la tranche; après quoi, on pose le signet et la tranchefile.
Quand on a appliqué sur le dos une bande de parchemin mouillé ou de toile, on colle sur le carton la basane, le maroquin, la toile ou le papier, qui doivent le recouvrir. La couverture faite, il ne reste plus qu'à coller les gardes ; enfin à appliquer les dorures, mosaïquages et autres ornements, et à mettre le titre. Bien entendu, cette description du travail du relieur est très sommaire et il existe de nombreuses variantes.
Le jargon du relieur
Ce jargon, très particulier, est aussi employé par les libraires, les bibliothécaires et les bibliophiles pour décrire les défauts (ou les qualités) d’un livre ancien. Il est donc particulièrement intéressant à connaître pour des transactions à distance nécessitant des descriptions complètes des reliures. Avec le développement de la vente de livres anciens sur Internet, ce vocabulaire a regagné un usage fréquent.
Chasse : espace dont la couverture déborde le livre
Coiffes : extrémités du dos débordant du livre
Collationner : Mettre en ordre les feuillets épars d’un volume décousu.
Par extension, vérifier la bonne suite des pages.
Dos : le côté visible une fois le livre rangé normalement dans une bibliothèque et sur lequel on inscrit le titre. Le néophyte lui donne souvent, à tort, le nom de « tranche » qui qualifie autre chose.
Entrenerfs : distance séparant les nerfs entre eux
Fonds : plis des feuillets doubles
Gardes : papiers blancs ou de couleurs, marbrés ou jaspés, placés au début et à la fin du volume, pour le protéger et améliorer sa présentation
Gouttière : côté opposé du dos et, sur les livres anciens, affectant bien une forme concave une fois le livre fermé ; ceci étant obtenu par l'ébarbage.
Mors : ligne suivant laquelle la couverture forme charnière
Nerfs saillies ornementant le dos des reliures anciennes
Plats : ce sont les deux cartons recouvrant le livre
Queue : la queue est la partie inférieure
Signets : ruban fixé en tête du livre, autrefois destiné à marquer la page où s’est arrêtée la lecture
Tête : la tête d’un livre est le côté supérieur
Tranche : indifféremment les trois côtés du livre autres que le dos, qui peut-être de tête, de queue ou de gouttière
Tranchefiles : petit rouleau de papier, recouvert de fils de soie multicolores, placé sous la coiffe pour la renforcer et bien fixer les cahiers